Paul Micheneau, violoneux et cultivateur du bocage protestant (1904–1962)
Paul Micheneau est né le 26 Janvier 1904 de Jacques Micheneau et de Mélina Fradin, couple protestant tenant une ferme à la Falourdière de St-Jouin de Milly.
Il « fit ses écoles » à la Cournolière de Moncoutant puis au début de la guerre partit rejoindre ses parents installés depuis aux Racaudières des Moustiers-sous-Chantemerle (Les terres protestantes étaient pour la plupart aux mains de 4 ou 5 grands bourgeois, qui déplaçaient leurs fermiers suivant les naissances, les départs ou… leur fantaisie).
Fils de cultivateur, il sera cultivateur toute sa vie.
Vers l’âge de 17 ans, le contact avec le célèbre « Bourdounau » (Ce surnom donné à Maximin Billaud, le plus fameux violoneux de la région au début du siècle, était en fait l’apanage de nombreux « sonneurs » de violon : car ils faisaient bourdonner leurs cordes ; ils étaient donc des « Bourdounau ») lui donne l’envie de jouer du violon.
Des noces au silence : un musicien entre foi, tradition et vie paysanne
Il prendra ensuite des leçons avec M. Gilbert et commencera ses premières noces avec lui, bien que le « pasteur » (chef du culte de l’Eglise réformée) ne voit pas d’un très bon œil un membre de son troupeau se débaucher ainsi (Car la pratique de la danse et de la musique était considérée à l’époque comme bestiale et presque diabolique, autant par le Clergé protestant que par le Clergé catholique.).
Il animera plusieurs centaines de noces, veillées ou assemblées jusqu’à son mariage avec Aline Baudu, en 1927. Comme la plupart des musiciens de village, il ralentira alors son activité musicale pour finalement ranger son violon sur une armoire. En 1929, le jeune couple s’installe à la Gaconnière de St-Jouin. En 1931, la ferme des Places de Moncoutant étant libre, il loue les terres et la maison, où il demeure encore. Le violon, ressorti une fois en passant « pour faire plaisir aux gosses », commence à se couvrir de poussières. Mais un beau jour, en 1962, passe un jeune professeur marié récemment à une nièce d’Aline, André Pacher, alors en pleine découverte de ce qu’on appelait le folklore.
André Pacher et la transmission : la renaissance du violon traditionnel autour de Paul Micheneau
André Pacher, devenu Président-fondateur de l’UPCP, saura faire rejouer le violon et encourager les jeunes du pays à se mettre à l’école des anciens : c’est ainsi qu'à partir de 1970, de jeunes musiciens de l’ARCUP dont Pascal Guérin, sommes devenus les apprentis de Paul ; patiemment, il leur apprendra le secret du « coup d’archet » et la « cadence ».